Le feuillardier était, le plus souvent, un ouvrier travaillant à l'exploitation de taillis de châtaignier achetés par un marchand de bois. Ce
dernier lui payait le façonnage du feuillard au millier de pièces.
Les outils de travail étaient la hache, la serpe, la plane et la scie. Pour faire son banc de travail, le feuillardier coupait un tronc d'arbre
de petit diamètre qu'il faisait reposer, à une extrémité, sur deux pattes.Pour tenir le compte de la marchandise avec précision, le feuillardier faisait des encoches sur une baguette.
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L'abattage des barres de châtaignier était fait avec soin. Les coupes à la hache étaient franches,le plus près possible de la souche.
Les cépées suivantes restaient ainsi plus vigoureuses.Ce travail n'était pas rétribué. Les barres étaient ébranchées à la serpe et mises en
tas à intervalles règuliers. Les branches étaient rangées en longues bandes.Rien à voir avec les chantiers actuels de débardage !
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Après la coupe le feuillardier montait sa cabane ou loge.C'était l'atelier du feuillardier. Lors de la coupe du taillis il avait gardé sur
pied deux rangées de barres, espacées de trois à quatre mètres. Ces barres étaient recourbées d'une ligne vers l'autre et entrelacées. Elles
formaient alors un dôme arrondi : c'était la charpente ! Le feuillardier installait son banc sous le dôme, transportait à dos d'homme les
barres à coté de la loge et commençait à travailler. Il produisait alors des copeaux qu'il posait par fourchées sur la charpente de sa
loge ; en partant du bas vers le haut.C'est dans la loge que le feuillardier travaillait,réchauffait son repas et pouvait même y dormir,
quand le chantier était éloigné. |
Par tradition le feuillardier se faisait couper les cheveux avant d'entrer sur le chantier en octobre et les faisait à nouveau couper en
sortant en Mai. Pour une partie des feuillardiers, pendant l'été, le travail changeait de nature. Ils étaient occupés pour quelques mois
sur leur lopin de terre ou comme ouvrier dans les tuileries. Eté comme hiver la journée de travail durait. Pour commencer tôt le matin et
finir tard le soir ils s'éclairaient avec la flamme blanche d'une lampe à carbure de calcium (acéthylène). |
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Pendant les jours les plus courts, ils faisaient du feuillard ; marchandise dite noire car elle n'était pas écorcée.Le feuillard s'obtenait
en fendant en deux les tiges rondes. Ensuite chaque demi-rond était coché à la plane sur la côte pour la rendre lisse.Cette marchandise
devenait cercle de barrique ou panier à crustacés.
Les jours plus longs du printemps étaient réservés pour faire la marchandise blanche (écorcée) : carrassones, piquets, échalas, lattes.
Le pied des barres était paré à la scie. Ces chutes de 10 à 15 cm de long étaient données au feuillardier pour le chauffage (los rescalos)
La vie du feuillardier était rude et pénible.Il gagnait peu d'argent d'autant plus qu'il perdait du temps à abattre, à ranger, à porter.
Aussi les feuillardiers du limousin se sont mis en grève plusieurs fois pour obtenir de meilleurs tarifs -la première fois en 1901. Ils
avaient créé en 1896 un syndicat des feuillardiers.Ils étaient des ruraux par leur origine et leur travail mais ils s'identifiaient aux ouvriers de la porcelaine de Limoges.
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